"Sous la colline" - David Calvo

Sous la colline - David Calvo
Première lecture de David Calvo mais lecture coup de coeur. "Sous la colline" est un roman particulier sur l'étrangeté, un roman transgenre où l'on évolue entre mythe, fiction et réel, entre drame et utopie sociale, entre le béton de Le Corbusier et l'imaginaire sans limite. Un roman centré sur un personnage réellement intéressant. "Sous la colline" de David Calvo est un bon roman, peut-être pas sans défauts, mais un livre vraiment bon !!


L'histoire de "Sous la Colline"


Tout démarre à Marseille, à la Cité Radieuse, ce bâtiment créé par Le Corbusier où l'utopie sociale doit rejoindre le design du béton vertical. Après l'incendie de 2012, suite aux travaux de réhabilitation, on y découvre un placard non-référencé dans les plans. C'est là qu'intervient Colline qui vient visiter ce placard en tant que spécialiste. Lors de la visite de cet espace, il s'avère qu'il mène à un autre endroit, plus grand, sous la Cité Radieuse. Colline y fera une découverte incroyable, un bateau et un cadavre pétrifié qui porte d'envoûtantes boucles d'oreilles, mais elle y sera aussi victime d'une agression. 

Quelques temps plus tard, elle revient à la Cité Radieuse, dite Le Corbu, pour soi-disant écrire un livre mais surtout pour tenter de retrouver ces envoûtantes boucles d'oreilles. Démarre alors un récit étrange, où le réel et la fiction croise le mythe et l'histoire de la création de Marseille. Femme hors norme à la psyché incertaine, Colline va se plonger dans la vie du bâtiment pendant plusieurs mois. Elle va découvrir les gens qui habitent ce lieu, s'imprégner de l'utopie sociale, découvrir les pressions politiques de ceux qui veulent voir cette tour de béton disparaître, observer l'invasion des touristes, etc. Mais la vraie menace qui pèse sur l'unité d'habitation, sur les gens qui habitent le lieu, est bien plus insidieuse car l'ennemi réel est invisible, omnipotent et omniprésent. Et pour lutter face à l'étrange, l'équilibre déjà instable de Colline sera encore plus ébranlée, d'autant que le monde bascule de plus en plus dans le mythe, la magie et l'étrange.
 

Mon avis sur "Sous la colline" de David Calvo


De prime abord, le récit de David Calvo me semblait être un roman tourné sur la Cité Radieuse de Le Corbusier, comme une sorte d'hommage à l'oeuvre architecturale mélangeant l'utopie sociale et le design du béton vertical. On en est loin et c'est tant mieux. 

Le récit de David Calvo est centré sur ses personnages et plus particulièrement Colline. Un personnage sensible, fracturé, cassé par une agression et sa vie passée. Colline est une personne à l'identité incertaine, un être complexe et déstabilisé que l'on aime découvrir en avançant dans le roman tant elle est hors norme. Personnage à la marge de la société, son insertion dans la vie du bâtiment du Corbusier tient à une obsession : retrouver une pair de boucles d'oreilles. S'ensuit pour elle une aventure labyrinthique où s'entrecroise le réel, l'utopie sociale, l'architecture, les tractations politiques mais aussi l'étrange et la magie d'un lieu que le béton semble cacher. Une magie qui remonte au temps de la création de Marseille, à celle du fada, à celle du mythe prenant forme, à celle de la folie, à celle du réalisme magique...

Au travers du roman, on se plaît à découvrir ce qu'est le bâtiment créé par Le Corbusier, cette Cité Radieuse. On cherche un peu en parallèle de sa lecture, on se fait une idée de l'endroit pour mieux visualiser le récit. Néanmoins, ce n'est pas nécessaire à la bonne compréhension du récit car finalement, David Calvo se centre sur son histoire et ses personnages. Le bâtiment n'est que le prétexte à un décor pour l'histoire de "Sous la colline".

Outre Colline, on y découvre une galerie de personnages intéressants. Comme tout lieu de vie, et finalement comme toute utopie sociale, on y découvre un condensé de différents types de personnes. Des idéalistes rêveurs aux protectionnistes angoissés, des vieux acariâtres aux personnes accueillantes, des personnages hauts en couleurs, parfois attachant, parfois pas. De ce mélange de personnes ressort un microcosme qui a sa vie propre, tel un village vivant de manière verticale plutôt qu'horizontale.

"Sous la colline" est un récit qui nous plonge dans notre monde réel, mais David Calvo ouvre la brèche et invite l'étrange dans son récit. Je l'ai déjà dit plus haut, on y croise le mythe et la magie, mais la folie n'est pas loin quand Colline se met à croiser les habitants sous forme animales. Cela rajoute un côté un peu délirant au récit, certains vont s'y perdre mais cela crée une fracture complète et nous plonge entièrement dans la magie du récit. Un côté délirant qui ouvre une porte autre, pour nous égarer, et nous faire croire que peut-être tout cela n'est que folie et non magie.

Avec "Sous la colline", David Calvo nous offre un mélange d'étrange et de mysticisme, de magie et de mythologie. Ce livre est un coup de coeur pour moi. Tel un vrai page-turner, ce roman ne quittait plus mes mains, les pages se tournant toutes seules. On fait face à l'étrange, on est dérouté, parfois même perdu par moments à tel point qu'il faut relire ce que l'on vient de lire, néanmoins David Calvo offre un récit accessible. Par ailleurs, l'écriture du romancier est également particulière. Assez poétique, elle possède sa propre rythmique, parfois syncopée, parfois envoutante. Usant, voir abusant des signes de ponctuation, David Calvo nous offre une écriture singulière pour un récit qu'il l'est tout autant. Un roman prenant et envoutant, à la trame labyrinthique. Un récit qui court encore en tête quelques jours après sa lecture.


A propos de David Calvo


Né en 1974 à Marseille et vivant aujourd'hui au Canada, David Calvo est un auteur, dessinateur et concepteur de jeux vidéos. Auteur à l'imagination débridée, on lui colle l'étiquette d'un écrivain de la transfiction évoluant entre le réalisme magique et le fantastique. On le connaît notamment pour ses romans "Eliot du Néant" et "Wonderful".

"Sous la colline" - David Calvo "Sous la colline" - David Calvo Reviewed by Julien le Naufragé on lundi, février 01, 2016 Rating: 5

1 commentaire:

  1. J'avais découvert David Calvo avec son "Wonderful" et cela ne m'avait pas plu du tout, mais alors pas du tout (bon, déjà, il ne m'était pas tombé des mains) !

    Faudrait quand même que je retente et les échos glanés à droite à gauche (dont le tien, ici, et un passage de Calvo à "Mauvais Genres") donnent envie. Mais la couverture est quand même... Bref, faudrait que je retente.

    A.C.

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